Deux fois par an, les Français doivent régler leurs montres et horloges pour s’adapter au changement d’heure. 🤔 Mais pourquoi cette mesure est-elle en place, comment s’y préparer et va-t-elle perdurer encore longtemps ? Découvrez tout ce qu’il faut savoir sur ce rituel saisonnier qui rythme nos vies.

Les origines du changement d’heure

L’idée de changer d’heure selon les saisons n’est pas nouvelle. Dès 1784, Benjamin Franklin évoquait les économies d’énergie que pourrait apporter un décalage horaire. Mais il faudra attendre 1916 et la Première Guerre mondiale pour que plusieurs pays, dont la France, instaurent officiellement le changement d’heure dans le but d’économiser les ressources comme le charbon.

Après une suspension entre 1945 et 1975, la pratique est réintroduite par Valéry Giscard d’Estaing lors du choc pétrolier de 1973. L’objectif est alors de limiter l’utilisation de l’éclairage artificiel le soir et ainsi réduire la consommation d’électricité, principalement produite à l’époque par des centrales fioul. Le décret du 19 septembre 1975 officialise la mesure en France métropolitaine.

Depuis 1998, les dates de changement d’heure sont harmonisées au sein de l’Union européenne. Le passage à l’heure d’hiver a lieu le dernier dimanche d’octobre tandis que le passage à l’heure d’été s’effectue le dernier dimanche de mars. Cette synchronisation facilite les échanges économiques entre pays en évitant une trop grande disparité des horaires.

Heure d’été ou heure d’hiver : quand change-t-on et dans quel sens ?

Chaque année, le même casse-tête se répète pour de nombreux Français au moment de régler leurs horloges : faut-il avancer ou reculer d’une heure ? Un moyen mnémotechnique permet de s’en souvenir facilement :

Au printemps, près du mois d’AVril, on AVance d’une heure. Lorsqu’il est 2h du matin, il devient 3h. On « perd » donc une heure de sommeil.
En automne, on passe à l’heure d’hiver fin octoBRE, on REcule donc d’une heure. À 3h du matin, il redevient 2h et on « gagne » une heure de sommeil.

En 2024, le passage à l’heure d’été aura lieu le dimanche 31 mars et le retour à l’heure d’hiver le dimanche 27 octobre. Il suffira de modifier vos horloges dans la nuit de samedi à dimanche, l’usage voulant que le changement s’effectue officiellement à 2h du matin, heure à laquelle l’activité économique et sociale est au plus bas.

À noter qu’en France, seule la métropole applique ce changement, les territoires d’Outre-mer conservent la même heure toute l’année à l’exception de Saint-Pierre-et-Miquelon qui suit le rythme du continent nord-américain.

Quels sont les effets du changement d’heure sur l’organisme ?

Modifier nos horloges deux fois par an n’est pas un geste anodin pour notre horloge biologique. Ce décalage provoque un « mini décalage horaire » qui peut perturber le sommeil, la sécrétion de certaines hormones et impacter notre humeur.

Le passage à l’heure d’été est souvent jugé plus difficile, car la perte d’une heure de sommeil combinée à un coucher plus tardif lié à la luminosité peut augmenter la dette de sommeil. Irritabilité, somnolence, difficultés de concentration sont fréquentes les jours suivant la transition.

À l’inverse, le passage à l’heure d’hiver semble mieux toléré grâce à l’heure de sommeil supplémentaire. Néanmoins, la nuit qui tombe plus tôt favorise une sécrétion précoce de mélatonine, l’hormone du sommeil. Résultat : on ressent la fatigue plus tôt le soir mais on peine à se lever le matin, le temps que notre horloge interne se synchronise avec le nouveau rythme.

Heureusement, la plupart des gens s’adaptent en quelques jours, mais les effets peuvent être plus marqués chez certaines personnes sensibles comme les enfants, les seniors, les travailleurs de nuit ou en horaires décalés. C’est pourquoi il est conseillé d’anticiper progressivement le changement d’heure lorsque c’est possible :

Avant le passage à l’heure d’été, on décale l’heure des repas et du coucher de 15 min par jour les 4 jours précédents. On se lève plus tôt pour profiter de la lumière matinale.
Avant le passage à l’heure d’hiver, on retarde progressivement nos horaires de repas et de sommeil. On maintient une exposition à la lumière en début de journée, quitte à utiliser un simulateur d’aube.

Dans tous les cas, on adopte de bonnes habitudes de sommeil, on pratique une activité physique régulière et on limite les excitants pour que la transition se passe au mieux. Au besoin, une courte sieste (moins de 20 min) en début d’après-midi peut aider à compenser le manque de sommeil sans perturber le sommeil nocturne.

Économies d’énergie : les bénéfices remis en question

À l’origine, l’intérêt du changement d’heure était de faire des économies d’énergie en calant nos activités sur les heures d’ensoleillement pour moins recourir à l’éclairage artificiel en soirée. Dans les années 2000, l’ADEME estimait encore le gain à 440 GWh par an.

Mais depuis, cette logique est largement remise en cause. Avec les progrès technologiques (ampoules basse consommation, LED…), l’éclairage ne représente plus qu’une faible part de la consommation électrique des ménages et des entreprises.

De plus, le changement d’heure incite à décaler certaines activités énergivores vers des heures creuses où l’électricité est moins chère. Le gain sur l’éclairage pourrait donc être en partie compensé par un recours accru au chauffage ou à la climatisation à certaines heures.

Enfin, plusieurs études ont mis en évidence des effets secondaires néfastes qui contrebalancent les éventuelles économies : hausse des accidents de la route et du travail, baisse de moral et de productivité, perturbation des rythmes naturels… Autant d’externalités négatives qui ont un coût économique et social non négligeable.

Bilan, les données actuelles semblent indiquer que les bénéfices du changement d’heure sont minimes voire inexistants dans de nombreux pays. Mais renoncer à cette pratique soulève d’autres questions complexes sur lesquelles il n’y a pas encore de consensus.

Vers la fin du changement d’heure ?

Instauré à une époque où les modes de vie et les défis énergétiques étaient très différents, le changement d’heure apparaît aujourd’hui comme une mesure obsolète pour beaucoup de citoyens européens. Lors d’une consultation publique organisée par la Commission européenne en 2018, 84% des 4,6 millions de répondants se sont prononcés pour y mettre fin.

Fort de ces résultats, le Parlement européen a approuvé en mars 2019 une proposition visant à abolir le changement d’heure dès 2021. Selon ce texte, chaque État membre serait libre de choisir de conserver soit l’heure d’été soit l’heure d’hiver de façon permanente.

Mais en pratique, la mise en œuvre de cette réforme soulève plusieurs défis :

Risque de fragmentation des fuseaux horaires en Europe, avec des décalages d’une ou deux heures entre pays frontaliers. Cela compliquerait les échanges économiques au sein du marché unique.
Nécessité de coordonner les choix nationaux pour éviter un patchwork de zones horaires. L’UE préconise que les pays d’une même région s’accordent sur une heure légale commune.
Délai nécessaire aux États pour mener des études d’impact, consulter les parties prenantes et préparer les citoyens et les entreprises à un changement pérenne de leur fuseau horaire.

Pour ces raisons, le projet a été repoussé sine die. La crise sanitaire puis la guerre en Ukraine ont relégué le sujet au second plan et aucune nouvelle échéance n’a été fixée à ce jour. La Commission maintient sa proposition sur la table mais prône la prudence et le dialogue pour éviter toute décision précipitée.

En France, le gouvernement a indiqué attendre une position coordonnée au niveau européen. Un rapport parlementaire de 2017 préconisait d’adopter l’heure d’été toute l’année mais les pouvoirs publics se montrent prudents, soulignant la nécessité d’un large débat public avant toute décision qui affecterait durablement les habitudes des Français.

Ailleurs dans le monde, des situations variées

Si la plupart des pays de l’hémisphère nord pratiquent le changement d’heure saisonnier, la tendance est à la remise en question de son utilité et de nombreux États ont fait le choix d’y renoncer ces dernières années :

  • La Russie a abandonné le changement d’heure en 2011, optant définitivement pour l’heure d’été. Une décision qui n’a pas fait l’unanimité, certaines régions du pays se retrouvant plongées dans la nuit une grande partie de l’hiver.
  • Le Japon, la Corée du Sud, l’Inde et la Chine n’ont jamais adopté le changement d’heure saisonnier malgré leur situation en zone tempérée. Ces pays ont un usage horaire stable toute l’année.
  • Aux États-Unis et au Canada, la situation est plus complexe car les États fédérés et les provinces ont la possibilité de légiférer sur la question. Hawaii et la plupart des territoires d’Outre-mer américains ne changent pas d’heure. En 2018, la Floride a voté une loi pour rester à l’heure d’été toute l’année mais doit encore obtenir l’aval du Congrès pour l’appliquer. D’autres États envisagent également de modifier leurs pratiques horaires.
  • En Amérique du Sud, le changement d’heure n’est en vigueur qu’au Paraguay, au Chili et dans certaines provinces du Brésil. L’Argentine, l’Uruguay et le Pérou l’ont supprimé après l’avoir expérimenté pendant quelques années.
  • En Afrique et au Moyen-Orient, la plupart des pays ne pratiquent pas de changement d’heure saisonnier. Maroc, Iran et Syrie font figure d’exception mais leurs dates de changement d’heure diffèrent de celles de l’Europe.
  • En Océanie, la Nouvelle-Zélande et certains états du sud-est de l’Australie continuent de changer d’heure deux fois par an pour profiter d’un ensoleillement tardif l’été. Les îles du Pacifique ne voient pas d’intérêt à cette mesure.

Au niveau mondial, on estime qu’un peu moins de 40% de la population applique le changement d’heure. Mais les divergences de pratiques entre régions voisines posent des défis croissants à l’heure de la mondialisation.

À long terme, deux options se profilent :

Revenir à un système universel sans changement d’heure, quitte à ce que chaque pays choisisse le fuseau horaire le mieux adapté à sa longitude et à son mode de vie. C’est le choix fait par la majorité des États.
Harmoniser les dates de changement d’heure à l’échelle des continents pour faciliter la coopération économique. C’est la voie privilégiée par les instances européennes.

😴 Comment bien vivre les changements d’heure

Même si la pérennité du changement d’heure saisonnier est incertaine, il reste d’actualité pour les années à venir. Alors autant mettre toutes les chances de son côté pour vivre ces transitions le plus sereinement possible ! Voici quelques conseils à suivre avant, pendant et après le passage à l’heure d’été ou d’hiver.

🌅 Une semaine avant : anticipez en douceur

Décalez progressivement vos horaires de sommeil : couchez-vous et levez-vous 10 à 15 minutes plus tôt (avant l’heure d’été) ou plus tard (avant l’heure d’hiver) chaque jour.
Adaptez vos horaires de repas en conséquence pour garder un rythme cohérent. Déjeunez et dînez un peu plus tôt ou plus tard selon le changement à venir.
Exposez-vous à la lumière naturelle dès le réveil, surtout avant l’heure d’été. La luminosité aide à synchroniser l’horloge biologique. Si besoin, utilisez un simulateur d’aube.
Créez un environnement propice au sommeil : température fraîche (18°C), obscurité, calme, literie confortable. Un rituel apaisant (lecture, tisane, relaxation) favorisera l’endormissement.

⏰ Le jour J : ne stressez pas !

  • Pensez à régler montres et horloges avant d’aller vous coucher. Vérifiez aussi les appareils électroniques qui ne se mettent pas à jour automatiquement.
  • Profitez du changement d’heure pour vérifier les détecteurs de fumée. C’est l’occasion de changer les piles et de tester leur bon fonctionnement.
  • Évitez les activités intenses ou stressantes en soirée, préférez des occupations calmes pour faciliter la transition vers le sommeil.
  • Accordez-vous une grasse matinée si possible pour compenser le décalage, surtout au printemps avec la perte d’une heure de sommeil.

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